« O ma Russie, sainte Russie des bois,
Je suis seul ton crieur et ton chantre ;
La tristesse de mes vers de bête farouche,
Je l'ai nourrie de résédas et de menthe.
Monte et pointe, minuit de lune, avec ton broc
Pour puiser d'un seul coup le lait des bouleaux !"
Non, non et non ! Je ne veux pas mourir.
Ces oiseaux planent en vain au-dessus de nos têtes.
Je veux encore, comme un adolescent, gaulant le bronze des tremblaies
Leur présenter la paume de mes mains jointes – blancs calices séreux. Comment cela, la mort ?
Cette pensée pourrait-elle se loger en mon cœur
Alors que j’ai dans la province de Penza une maison à moi ?
Je languis du soleil, je languis de la lune,
Du peuplier qui coiffe la lucarne.
Les bosquets, les torrents, les steppes, la verdure
Ne sont bénis que pour les seuls vivants.
Écoute : je me fous bien de l’univers entier
Si je devais, demain, ne plus être de ce monde.
Je veux vivre, vivre, vivre,
Vivre à en avoir mal, vivre à en avoir peur !
Même en coupeur de bourses, même en traîne-misère.
Mais au moins voir gambader dans les champs les gais mulots,
Entendre au moins au puits des grenouilles la chorale ravie.
Mon âme candidement bourgeonne – blanche fleur de pommier.
La brise a attisé un feu bleu dans mes yeux.
Instruisez-moi, au nom des cieux,
Instruisez-moi : me voici prêt à tout,
Prêt à tout afin de résonner au jardin des humains.
Pougatchev (Bournov)
traduit par Victoria et Guy Imart, présenté par Michel Niqueux, Alidades 2005
jE M'EN FOUS DE VOS CHATEAUX, EN FAIT
surtout qu'en France c'est pas la rarete, tout le monde en possede