Jusqu’à présent, personne n’avait bien compris le sens de l’appellation France 2 (http://www.bvoltaire.fr/janyleroy/sophia-aram-fran...ter-largent-les-fenetres,36551). Avec le désastre de l’émission de Sophia Aram (2,9 %!) et, au-delà, la faiblesse générale des scores des divertissements entre 17 et 20 heures, il apparaît clairement que le 2 accolé à France indique le nombre de téléspectateurs que les dirigeants souhaitent captiver. Deux c’est peu, mais tout va s’arranger, ne manquera pas de répliquer Sophie Darrigand, une responsable de la chaîne qui, en 1912, vous aurait expliqué calmement que le Titanic allait remonter à la surface avec orchestre et danseurs indemnes. Malgré donc cet incroyable désaveu du public, ce cataclysme sans précédent, les potentats en place n’hésitent pas à enfoncer le clou de leur incompétence. Elle est formidable, elle porte les valeurs de service public, il faut laisser le temps à un talk-show de s’installer sont, en résumé, leurs déclarations à propos de ladite animatrice à rames… Ces propos ne sont-ils pas en soi un pur divertissement? Convaincus de détenir l’essence même d’un service public imbibé de bons sentiments hollandesques, ces responsables pourraient avoir malgré tout la décence de sauver un tant soit peu les budgets publicitaires – et par voie de conséquence, le porte-monnaie du contribuable — en programmant… n’importe quoi. À ce niveau de désolation, aucun programme ne peut faire pire: un documentaire animalier, le bêtisier de l’inspecteur Derrick, l’enterrement de la reine mère, les loisirs de Jean-Marc Ayrault, tout conviendra. Le positionnement politique pourtant très service public de Sophia Aram n’aura pas suffit à attirer les foules. Bien au contraire. La sensibilité haine du FN déplaît. Manque de chance pour les dirigeants de la chaîne qui en redemandaient. Dans leurs rêves éveillés, Sophia Aram mettait au pas le téléspectateur, lui apprenait à se libérer de ses pulsions racistes, fascistes, criminelles, bref, faisait de lui un nouvel homme. Mais c’est raté. Le téléspectateur restera cette bourrique qu’ils détestent, ce défenseur de bijoutier qu’ils abhorrent, ce lourdingue tout juste bon à suivre les pirouettes des jongleurs du samedi soir. Imperceptiblement, inconsciemment, merveilleusement, le téléspectateur, qui ne connaît pourtant Sophia Aram ni d’Ève ni d’Adam, a senti le parti pris qui se dégageait du personnage. Et quelle que soit la couleur de ce parti pris dont, au bout du compte, il se fout… Haine du FN, du Front de gauche ou Tartempion, là n’est pas son problème. Au travers de ces 2,9 %, le public a fait savoir qu’il ne marchait pas dans la combine. D’accord pour se faire traiter de con, mais après les pirouettes du samedi soir, par un Ruquier qui a le mérite de dissimuler le tout sous un maquillage chansonnier du siècle dernier suffisamment divertissant pour que la victime reste devant son écran. C’est toujours ça de gagné.