Stock de Zyklon dans les sous-sols de Tel Aviv.... |
L’utilisation –probable– en Syrie d’armes chimiques continue de faire craindre que la guerre civile se transforme en conflit plus vaste. Mais le gouvernement de Bachar el-Assad n’est peut-être pas le seul à disposer d’importants stocks de gaz neurotoxiques. Un document de la CIA récemment découvert semble indiquer qu’Israël aussi s’est construit un arsenal chimique dans le désert du Néguev. (http://lesmoutonsenrages.fr/2013/09/16/israel-possede-t-il-des-armes-chimiques) Au sein des services de renseignements de Washington, on est presque unanimement persuadé qu’Israël possède plusieurs centaines de têtes nucléaires et peut-être même quelques têtes thermonucléaires. Les analystes pensent que le gouvernement israélien aurait bâti cet arsenal nucléaire dans les années 1960 et 1970 comme dernier rempart possible dans le cas, hautement improbable, où les armées de leurs voisins arabes auraient été en mesure d’envahir l’intégralité du territoire israélien. Mais les armes nucléaires ne sont pas les seules armes de destruction massive dont Israël dispose. Voilà près de 20 ans que dans les cercles de contrôle des armements circulent des rumeurs faisant état de la construction, dans le plus grand secret, par les Israéliens, d’importants stocks d’armes chimiques et bactériologiques en complément de leur arsenal nucléaire. Une bonne partie de l’attention s’est portée sur les recherches et le développement conduits au sein de l’Institut israélien de recherches biologiques, une base gouvernementale secrète située à Ness Ziona, à 20 kilomètres au sud de Tel Aviv. Mais on a rarement (voire jamais) publié des documents démontrant qu’Israël dispose d’un stock d’armes chimiques ou bactériologiques. Ce rapport secret de la CIA datant de 1983 pourrait constituer une des indications les plus sérieuses que tel est bien le cas. Selon ce document, des satellites espions américains ont découvert, en 1982, une «probable usine de production de CW [chemical weapons –armes chimiques, ndlr], d’agents neurotoxiques, au sein de la zone militaire sensible de Dimona, dans le désert du Néguev. D’autres sites de production de CW existent probablement au sein de l’industrie chimique israélienne, très développée». «Si nous ne sommes pas en mesure de confirmer la détention, par les Israéliens, d’armes chimiques létales, ajoute le document, plusieurs indicateurs nous poussent à considérer qu’ils disposent d’agents neurotoxiques persistants et non-persistants, de gaz moutarde et de plusieurs catégories de gaz anti-émeutes, avec le matériel nécessaire à leur utilisation.» Israël possède-t-il toujours ce stock supposé? Nous l’ignorons. En 1992, le gouvernement israélien a signé la Convention sur les armes chimiques, qui interdit ces armes, mais ne l’a jamais ratifiée. (L’ambassade israélienne à Washington, contactée sur ce point lors de l’écriture de cet article, s’est refusée à tout commentaire.) Ce rapport de la CIA, dont une copie a été envoyée à la Maison Blanche, montre également que la communauté américaine du renseignement soupçonnait l’existence de ce stock depuis plusieurs décennies et que le gouvernement américain est resté coi sur le sujet pendant le même laps de temps. Ces faits ont été découverts récemment par un chercheur –un de mes amis qui souhaite conserver l’anonymat– au sein de la bibliothèque présidentielle Ronald-Reagan en Californie. Il a trouvé, totalement par hasard, au milieu d’un rapport anodin déclassifié, une page que quelqu’un, à la Maison Blanche, avait apparemment enlevée de son ou de sa copie d’un rapport secret de la CIA (un National Intelligence Estimate, ou NIE) en date du 15 septembre 1983, intitulé «Implications de l’utilisation par les Soviétiques d’armes chimiques et toxiques pour les intérêts américains». D’ordinaire, un rapport de renseignement vieux de trente ans n’aurait provoqué qu’un intérêt passager pour des chercheurs car la majorité de son contenu, qui traite pour l’essentiel d’allégations non vérifiées concernant l’utilisation par les Soviétiques d’armes chimiques et bactériologiques en Afghanistan et dans le Sud-Est asiatique, a été déclassifié pour l’essentiel en 2009 et est aisément consultable sur la base de données CREST, qui regroupe des documents déclassifiés de la CIA au centre de Recherche des Archives nationales de College Park, dans le Maryland. Mais si la CIA est prête à déclassifier tout ce qui touchait à l’URSS et à ses pays satellites –dont la Syrie–, l’agence est bien moins encline à révéler des informations concernant les activités liées aux armes chimiques des pays en dehors du bloc soviétique. Les censeurs de la CIA ont donc enlevé de la version consultable du document aux Archives nationales presque tout ce qui concernait le Proche-Orient, dont du matériel pourtant déclassifié depuis longtemps concernant le programme de production d’armes chimiques de Saddam Hussein en Irak.
« Пред. запись — К дневнику — След. запись » | Страницы: [1] [Новые] |