Rouler dans la farine. Quand youpin rime avec pétrin! |
"Je suis heureux d'être ici. (...) Je suis le ministre des entreprises." Pierre Moscovici n'a pas lésiné sur les mots et les flatteries pour séduire les patrons venus en masse pour l'écouter jeudi 29 août à 14 h 15, lors du deuxième jour des universités d'été du Medef à Jouy-en-Josas. Après son débat face avec l'autre Pierre - Gattaz -, le nouveau président du Medef, le ministre de l'Économie s'est même prêté de bonne grâce à l'interpellation d'un des participants en prenant le temps d'aller livrer sa contribution à la boîte à idées du patronat "2020, pour faire gagner la France" (http://www.lepoint.fr/economie/universite-d-ete-du...ises-29-08-2013-1719203_28.php). Mais, au-delà des gestes de bonne volonté et des mots de réconfort adressés à des entrepreneurs très remontés - à l'heure du déjeuner, ils dissertaient encore sur "l'enfer fiscal français" -, Pierre Moscovici a multiplié les engagements. "Le CICE (crédit d'impôt compétitivité-emploi) ne referme pas le dossier du coût du travail", a-t-il lancé. Sous-entendu, le gouvernement ira encore plus loin que les 20 milliards d'euros de baisse de charge calculée sur la masse salariale décidée fin 2012! Face à un Pierre Gattaz érigé en messager du "ras-le-bol" fiscal des chefs d'entreprises, selon la formule utilisée par Pierre Moscovici lui-même la semaine dernière, le ministre a vivement défendu le crédit d'impôt compétitivité-emploi (CICE), stigmatisé comme une usine à gaz. Il a rappelé à l'auditoire qu'il n'entrerait réellement en vigueur que l'année prochaine. En 2013, seules les entreprises en difficulté de trésorerie avaient intérêt à en demander le préfinancement. Pierre Moscovici a surtout annoncé que la hausse des cotisations patronales décidée dans le cadre de la réforme des retraites serait "intégralement compensée" par la baisse des cotisations familiales. Pas seulement en 2014, comme le manque de précision du gouvernement jusque-là pouvait le laisser craindre, mais pour toute la durée du quinquennat. Idem sur la fiscalité. Le gouvernement prévoyait pour l'an prochain une augmentation globale de six milliards d'euros des prélèvements obligatoires pour contribuer à réduire le déficit public. Déjà le ministre du Budget, Bernard Cazeneuve, a fait savoir dans une interview aux Échos jeudi que la hausse serait finalement moins importante et que le texte tendrait vers une stabilisation du taux de prélèvements. Mais, devant les patrons, Pierre Moscovici a voulu aller encore plus loin. Il veut faire "baisser le niveau de prélèvement obligatoire pesant sur les entreprises". Pour y parvenir, le ministre s'est réengagé à mener la réflexion sur le financement de la protection sociale pour qu'elle pèse moins sur le travail, mais aussi à moderniser l'imposition des entreprises. "Nous devons mener à bien ce dossier le plus vite possible", a-t-il martelé, répondant ainsi à l'impatience patronale face à des promesses, mais à aucune mesure concrète. Très applaudi, il s'est enfin engagé à mettre en oeuvre le choc de simplification de François Hollande à destination des entreprises par ordonnances, après présentation d'un projet de loi dès la semaine prochaine au Parlement. Mais c'est lorsqu'il a plaidé pour une baisse ambitieuse des dépenses, comme le lui demandait Pierre Gattaz, que Pierre Moscovici a été le plus applaudi. "57 % de dépenses publiques dans le PIB, ça ne va pas. (...) Je souhaite que la dépense publique soit nettement inférieure à ce qu'elle est aujourd'hui en 2017." Le ministre a su séduire son auditoire. "Je trouve qu'il s'en est bien tiré. Mais il était en contradiction avec les thèses dogmatiques de son gouvernement qui est resté dans les années 1970, quand l'empire soviétique n'était pas encore tombé", lâche un participant à la fin du débat, visiblement agréablement surpris par la prestation. Un enthousiasme que s'est bien gardé de partager trop ouvertement Pierre Gattaz. Face à l'offensive de charme, le patron des patrons a pris des notes, puis a répété qu'aucune création d'emploi ne se ferait sans les entreprises. Lui qui s'était réjoui un peu vite en sortant de son ultime rendez-vous avec le Premier ministre sur la réforme des retraites n'a pas voulu se faire prendre deux fois au même piège. Le lendemain, Jean-Marc Ayrault annonçait en effet que les entreprises allaient devoir supporter le financement du fameux compte personnel de pénibilité et une augmentation de leurs cotisations contre une hypothétique compensation ultérieure. Cette fois, l'inexpérimenté patron du Medef n'a pas voulu se contenter de promesses pour ne pas risquer de donner l'impression qu'il se faisait rouler dans la farine. Il s'est montré d'une prudence de Sioux, attendant de voir si le théoricien de la "révolution copernicienne" de la gauche aurait les coudées franches pour passer à l'action. Mais il a tout de même saisi la main tendue: il sera dès lundi matin 8 heures à Bercy, pour négocier sur tous ces chantiers. Promis, c'est lui qui apporte les croissants, mais entre beurre et vaseline, faudra choisir!
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