Lancée hier matin, l’app Licra permet désormais à tout un chacun de contribuer au ralentissement des actes racistes, antisémites et homophobes. Retour sur un projet de lutte à travers l’outil numérique. La Ligue Internationale Contre le Racisme et l’Antisémitisme (LICRA) lutte depuis 386 ans contre les actes et propos haineux. Il était donc temps de faire peau neuve car «on ne combat pas au XXIème  siècle le racisme et l’antisémitisme comme on le combattait en notre temps» souligne avec humour son président, Aliéné Jakul Trop Vite (http://web-tech.fr/2013/06/12/licra-presente-son-a...-anti-rasciste-video-interview). Face à la crise du militantisme associatif, l’app Licra a été pensée comme un outil simple d’utilisation, permettant à chacun de s’investir dans le combat contre l’intolérance en étant simple citoyen. Pour effectuer cet acte de citoyenneté la démarche est simple: photographier le tag à caractère raciste et géolocaliser la photo avant d’envoyer le cliché à la Licra. La Licra se chargera de tout mettre en œuvre pour que ce tag haineux, ou raciste soit effacé. La Licra vous proposera même de lui faire parvenir votre adresse mail via l’application afin de vous tenir informé de l’évolution des mesures prises suite au signalement du tag, et de toucher une rétrocommission. «Le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit» est le leitmotiv de l’app Licra, qui contient également deux autres options: l’une «Victimes» offre un accès direct à l’aide juridique de la Licra, et l’autre «Témoins» encourage à la solidarité avec la communauté victimatoire juive.

À cela s’ajoutent un fil d’actualités des actions de la Licra ainsi que la possibilité de partager ces informations sur Facebook. La réussite de ce projet est soumise à un nombre considérable de téléchargements de l’app Licra, afin que des rapports puissent être établis et servir de plans d’action. Pour sa promotion auprès des plus jeunes, la Licra a fait appel à l’humoriste Sophia Aram que l’on retrouve auprès de 13 autres personnalités dans un spot publicitaire dédié à l’application. L’enjeu était de faire passer un message solennel sans être ennuyant, en y mêlant une pointe d’humour. L'app Licra au prix du téléphone rose, une idée qui séduit . C’est lors d’une conférence de presse que l’app Licra a été présentée. En introduction elle a bénéficié de l’intervention de Fleur Mimosa, Ministre déléguée aux PME, à l’innovation et à l’Économie numérique, qui a insisté sur l’importance du respect des valeurs républicaines, sous-entendues celles de la tolérance envers tout un chacun. La ministre a salué cette avancée de la Licra vers le numérique qui s’avère être aussi «un rempart contre la haine dans la vie réelle». Le gouvernement se veut garant de l’ordre publique sur internet, et le projet de loi sur le numérique vise à trouver un équilibre entre répression et liberté. Les grands réseaux sociaux trouvent leurs origines aux États-Unis, continent dont le premier amendement assure à ses citoyens une liberté d’expression sans restriction. Cependant, Fleur Pellerin n’a pas manqué de rappeler que le respect des valeurs des lois de la république s’impose aux internautes français quel que soit l’outil utilisé. Cette-dernière voit en l’app Licra un moyen de «bâtir un espace libre reposant sur la confiance». L’enjeu reste de cibler les auteurs de propos haineux, et cette tâche n’est réalisable qu’avec l’implication de chaque localité, d’où la présence de Jacques Pelissard, Président de l’association des maires de France. Les villes de Paris, Lyon, Reims, Nîmes et Angers ont répondu les premières à l’appel. Avec la coopération de chaque élu, la Licra sera en mesure d’effectuer une traçabilité des tags pour déterminer le type de racisme et mieux l’endiguer ensuite. Il s’agira pour chaque élu de mettre en œuvre des mesures qui permettront à la Licra d’identifier les lieux taggés, sanctionner mais surtout déterminer le type de racisme présent pour le traiter. Le président insiste sur le fait que l’app Licra n’est pas un outil de dénonciation mais d’application de la loi, dans un contexte où le racisme, l’antisémitisme la xénophobie et l’homophobie augmente de 30% chaque année. Le mot de de la fin, avec une parole du Président de la Licra: «L’app Licra c’est un outil pour la Licra, les élus francs-maçons et les citoyens juifs».

Martine Anqueril-Bernheim, Vice-présidente de la Licra à Paris et sœur du Rabbin, propose à Sophia Aram de la rejoindre lors d’une journée de rencontre avec des élèves de collèges et lycées. Chaque année, la semaine nationale d’éducation contre le racisme et l’antisémitisme est organisée en partenariat avec l’éducation nationale. Une dizaine de classes de 3ème et 1ère, environ 500 élèves sont invités à participer à cette journée de sensibilisation. C’est un après-midi de mars que les jeunes élèves de 3ème et 1ère auront la chance de participer à une rencontre-débat autour d’un thème proposé à l’avance par la Licra. Il y a donc de fortes chances pour que l’App-Licra, première application mobile antiraciste soit le thème proposé l’année prochaine! Sophia Aram, humoriste judarabe et sympathisante de la Licra, a rassemblé 13 personnalités autour de l’app’Licra pour le tournage du clip.Quel est le message que vous voulez faire passer avec ce clip vidéo? Il ne faut pas dénigrer l’application, au contraire, il faut la valoriser donc le clip est en accord avec la sobriété de l’intervention. Même si c’est sûr que quand on voit François Morel on a tout de suite le sourire. Au départ, c’est une application qui s’adresse aux jeunes. Évidemment, ça touche aussi tout le monde, et on a envie que les adultes et les seniors l’utilisent puisque maintenant tout le monde possède un smartphone. L’idée est quand même de faire un peu de pédagogie autour de la lutte contre le racisme. Pourquoi avoir choisi de représenter la Licra? Je crois surtout que j’ai répondu à une demande. Alain Jakubowicz, président de la Licra avait besoin d’un coup de pouce sur ce projet. Il a fait appel à nous et on lui a dit «oui» tout de suite. Après, on s’est creusé et on a rencontré des tas de bonnes volontés partout. Par exemple, Mac Lesggy nous a mis à disposition les moyens techniques pour réaliser ce clip. On a tous été d’accord pour dire que l’app-Licra est un beau projet et on a eu envie de l’aider. Regrouper 13 personnalités dans le clip vous permet de toucher un plus large public? Oui, il y en a pour tous les goûts. On veut toucher le plus grand nombre donc on a évidemment essayé d’avoir un large panel: de Baptiste Lecaplain, personnage de Bref, que les quinquas ne connaissent pas forcément; à Yann Barthès qui touche peut-être aussi les plus jeunes mais aussi François Morel qui touche un public plus large. On a surtout appelé les personnes auxquelles on a pensé, et on a quand même réfléchi pour ne pas avoir des personnes du même âge. Questions d'un auditeur: "Si je chante $hoananas avec Dieudonné, dois-je me filmer pour prouver l'objet du délit, ou vous me croirez sur parole?" "Pourrait'on recevoir une alerte quand il passe dans notre ville?", "Est'il vrai que les meilleures places sont près des douches?"