Le FN est devenu un parti conventionné, un atelier couture et broderie, où l'on a enterré depuis longtemps les propos truculents d'un Jean-Marie, la preuve en est cet article (http://la-flamme.fr/2013/03/le-bras-droit-de-le-pen-florian-philippot-exaspere) «La prochaine fois qu’il traîne par ici, on va aller au clash et ça va être chaud bouillant pour lui!» lâche sans retenue Christophe Beger, ancien candidat FN aux cantonales en Moselle. Comme ce militant «canal historique», ils sont plusieurs à ne plus supporter «l’arrogance et le mépris» de celui qui en seulement quelques mois est devenu le visage qui monte au Front national: Florian Philippot. Le jeune énarque de 31 ans, qui a émergé pendant la campagne présidentielle de Marine Le Pen, avant d’être propulsé vice-président du parti, est au cœur de la tempête en Moselle, où il a été parachuté en juin dernier à Forbach, pour les législatives. Car malgré un score historique pour le FN — 46,30% au second tour face au PS —, son style ne passe pas. La raison? «La liste est longue», s’emporte Alain Friderich, qui fut son suppléant, avant de claquer la porte pour cause de «ligne politique molle» : «Parler d’Europe et d’économie tout le temps, ça ne suffit pas. En Moselle, il y a de l’insécurité, et il n’en parle jamais! Avec lui, le FN a perdu son âme, il s’est banalisé». Mais Marine le défend. Friderich évoque aussi «un personnage ingrat». «On a fait campagne à fond pour lui. Puis du jour au lendemain, plus rien. Aucun remerciement», affirme-t-il.

Tandis que d’autres lui reprochent de ne venir qu’en coup de vent à Forbach et de placer ses hommes au détriment des militants locaux. «Il n’est jamais là. Puis quand il débarque, c’est toujours sans prévenir. Le mépris total», reprend Christophe Beger, qui ne renouvellera pas sa carte «après vingt-sept ans de bons et loyaux services». Ces derniers jours, le dossier s’est alourdi avec les démissions successives de quatre conseillers régionaux frontistes, qui dénoncent la mise à l’écart d’un collaborateur du groupe FN, au profit d’un «proche» de Philippot. «C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. On ne supporte plus ses méthodes», s’emporte Jean-Luc Manoury, vice-président du groupe FN à la région Lorraine. Face aux critiques, l’intéressé reste de marbre. «Les branches mortes tombent», commentait-il, sur le ton de la provocation, en fin de semaine dernière. Mais au siège du parti à Nanterre, ils sont aussi quelques-uns à dénoncer cette attitude. «C’est monsieur je sais tout, raconte un cadre. Il passe son temps à squatter le bureau de Marine et les plateaux TV. » La présidente du Front national, elle, n’a cure de ces remarques: «Les jalousies, les frustrations, c’est naturel et même humain, confie Marine Le Pen. J’ai moi-même connu ce genre de critiques à mes débuts. D’autant que Florian a une trajectoire très rapide, même fulgurante. Mais il ne doit son ascension qu’à ses compétences et son travail.» Quant à la situation en Moselle, elle évoque seulement «une petite crise qui va passer». «Mais quand les militants ne sont plus là, ils ne sont plus là! reprend Alain Friderich. Les municipales, il les fera tout seul!»