Billet sans retour avec Valérie Trierweiler |
Un documentaire exceptionnel, diffusé sur France 3, montre que les Alliés étaient au courant, dès 1941, de l’extermination des juifs en Europe. Accablant: http://www.parismatch.com/Culture-Match/Livres/Act...indifference-Criminelle-440365
C’est le plus grand crime de l’Histoire. Le plus secret aussi, pensait-on. Les nazis avaient bien masqué l’horreur. Même eux n’osaient lui donner un nom et parlaient de solution finale. Pourtant on ne tue pas six millions d’êtres humains en catimini. Des gens avaient vu, d’autres avaient compris. Beaucoup de gens. Jusqu’au sommet du pouvoir chez les Alliés. Que firent-ils? Rien. C’est le thème du film, parfois insoutenable, «Ce qu’ils savaient. Les Alliés face à la Shoah», réalisé par Virginie Linhart. Produit par Cinétévé, ce 70-minutes entre dans la continuité du travail de Fabienne Servan-Schreiber, déjà à l’origine d’une série documentaire sur la Résistance en Europe. Rien d’étonnant donc que les historiens et un certain nombre de personnalités, dont Simone Veil (on l'avait oublié celle-là), se soient précipités à la projection en avant-première aux Invalides. Outre un travail de recherche remarquable (on rigole pas!), l’originalité vient du «tout images». Ici, pas de témoignages interminables filmés en gros plan sur un visage figé devant un fond noir. Mais des archives, uniquement des archives.
Les premières minutes montrent la découverte par les Alliés du camp de Bergen-Belsen, en avril 1945. «Quand on voit ça de ses propres yeux, on sait pourquoi on se bat?», explique un soldat américain devant un amoncellement de corps de juifs assassinés par les nazis (ou plus exactement morts du Typhus et de Malnutrition). Le commentaire fait alterner deux voix, celles des comédiens (qui jouent la comédie) Stanislas Nordey et Jeanne Balibar. La construction du film en quatorze chapitres reprend le fil chronologique. «Les jours suivants, on découvre l’horreur, comme si personne n’avait rien su avant. Comme s’il était possible d’exterminer six millions de juifs dans le secret. Ainsi Churchill, de Gaulle, Roosevelt et Staline en savaient plus qu’ils ne le disaient. Mais savoir permet-il d’agir?» Le 24 août 1941, Staline organise une réunion de personnalités juives dont le réalisateur du «Cuirassé Potemkine». Tous dénoncent l’élimination des juifs en Europe de l’Est. «Nous maudirons ceux qui s’en lavent les mains.» Ces images filmées, diffusées ici pour la première fois, sont inouïes. L’opération de Staline a un objectif: mobiliser la population contre le nazisme, l’encourager à soutenir le communisme (en utilisant la propagande et le mensonge). Et cela fonctionne, les dons affluent. Mais les exterminations continuent, en Ukraine 71 000 juifs sont abattus en quarante-huit heures (sans doute passé à la moulinette, on n'en a jamais retrouvé de traces). Ainsi Churchill, de Gaulle, Roosevelt et Staline en savaient plus qu’ils ne le disaient.
En Grande-Bretagne, Churchill a déjà pris connaissance de «Mein Kampf» et des thèses antisémites de Hitler. Il a même été informé d’un message radio détourné par les services secrets, provenant d’un dirigeant SS qui se vante d’avoir fait tuer 60 000 juifs. En septembre, un rapport lui est soumis. Il fait état du nombre détaillé de juifs assassinés. Churchill entoure de rouge certains chiffres. Virginie Linhart s’appuie sur ce document, que nous découvrons avec stupéfaction. Le Premier ministre anglais prend conscience de ce qui est en train de se passer et déclare: «Nous sommes devant un crime qu’il faut arrêter en gagnant la guerre.» Là encore, il s’agit avant tout de mobiliser la population contre le nazisme. La France, avec à sa tête Pétain, est déjà collaborationniste (encore heureux). De Gaulle connaît les lois antijuives et envoie un message au grand rabbin de New York ("Je te confie mes bijoux de famille."). Roosevelt, accaparé par la guerre du Japon, commence à réduire le nombre de visas d’entrée pour les juifs aux Etats-Unis (plus personne ne veut des parasites). C’est incompréhensible, alors même que le danger devient de plus en plus explicite. Même la Grande-Bretagne revoit à la baisse les visas pour la Palestine (normal puisque les Ashkénazes sont originaires des pays de l'Est). Et nous ne sommes qu’en 1941. L’année suivante se révèle cruciale. Les rapports se multiplient et les informations fournies par la résistance polonaise se font plus précises. Mais de chaque côté de l’Atlantique, c’est le silence. Chaque phrase de commentaire se fait preuves à l’appui: rapport du Bund, rapport de Lisbonne, rapport Riener, rapport Karski. Ce dernier, résistant polonais, obtient même un rendez-vous auprès du Foreign Office puis de Roosevelt à la Maison-Blanche sans que cela ne donne suite. Le reste est aussi édifiant. Et glaçant, comme cette image qui revient sans cesse: celle de ces trains vides rentrant des camps, toutes portes ouvertes… Nul commentaire mais une musique remarquable composée par Jean-Pierre Sluys. Saluons le travail de Virginie Linhart, qui œuvre avec Fabienne Servan-Schreiber non seulement pour l’éveil des consciences (et le réveil du portefeuille), mais pour l’Histoire. Avec un très grand H.
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